Un rendez-vous avec mon amant. Un rendez-vous inatttendu et ensuite tant attendu, trop attendu peut-être... Le rendez-vous, après tant de semaines, après tant d'échanges de petits messages, ne pouvait qu'être exceptionnel... Il l'a été. Le sexe à été sublime, extradordinaire.
Pendant toutes ces semaines de séparation nous avons échangé, nous avons communiqué avec beaucoup d'amour, beaucoup de tendresse, de complicité et là, face à face: la distance, le décalage. Un manque de complicité, d'humour, d'amour, de tendresse, de communication... Comment est-ce possible? Est-ce seulement moi qui ai ressenti cela? Ou a-t-il ressenti la même chose?
Il y avait une distance entre nous, inexplicable. Venait-elle de moi ou de lui, ou des deux? Avions-nous trop d'attentes après tant de semaines de séparation? Comment pouvons-nous nous écrire des mots d'amour pendant tant de semaines, et encore quelques heures avant de nous voir, et quand on est ensemble il y a cette inexplicable distance? Pas de complicité si bienfaisante, pas de légerté, pas ce bonheur qui t'envahit des pieds à la tête. Avions-nous peur d'être submergés par nos émotions, par nos sentiments? Avions-nous peur de trop nous dévoiler, d'arriver à un point de non-retour? Kenan, qui d'habitude arrive si bien à mettre les mots sur ses émotions et sensations, est resté inhabituellement loquace.
Sublimination de notre relation dans notre imaginaire, accrue par notre longue séparation? Je n'y comprends rien. Notre rencontre, au lieu de me rendre heureuse, m'a rendue triste. Comme quoi la satisfaction sexuelle n'est pas tout. Elle peut être exceptionnelle, mais sans complicité, sans ce petit quelque chose de plus, cette satisfaction ne vaut pas grand chose. Elle laisse un vide. C'est ce que je ressens. J'ai ensuite écrit à Kenan pour lui dire que j'avais le vague à l'âme. Il m'a répondu "moi aussi". Mais ressentons-nous la même chose pour les mêmes raisons? Serait-ce le glas qui sonnerait pour notre relation? Peut-être. En écrivant ces mots, une grande tristesse me remplit... Il ne faut pas non plus dramatiser, je sais bien. Une relation a forcément ses hauts et ses bas pour beaucoup de raisons différentes. Et Kenan et moi, nous partageons qu'une toute petite partie de nos deux vies. Il y a forcément des choses qui influencent notre relation et dont l'autre ignore tout parce qu'il ne partage pas la vie de l'autre. Dommage que nous ne soyons pas arrivés à en parler. Dommage que nous nous sommes tus au lieu de communiquer.
Pourquoi la communication entre les êtres est-elle parfois si difficile? Pourquoi je n'arrivais pas à transmettre à mon amant tout ce que je ressentais lors de notre rencontre? Premièrement je le sentais fermé, alors j'avais
peur de ne pas trouver les bons mots. Trop d'émotions pour pouvoir les habiller de paroles? Peur de notre relation? Peur qu'elle pourrait devenir trop importante pour l'un et l'autre? Peur au contraire qu'elle pourrait se terminer? Les relations humaines... le grand mystère parfois.
Ensuite je suis rentrée, contente de serrer mon compagnon de vie dans mes bras, de voir un sourire de bonheur illuminer son visage. Une vague d'amour, d'affection et de tendresse pour mon mari m'a submergée, et en même temps une grosse vague de tristesse à cause de Kenan et malgré tout, déjà de nouveau l'ennui de lui. Allez comprendre. Moi, je ne me comprends pas.