J'ai bu un petit verre de trop. Par frustration et pour bien dormir et je remarque que ce petit verre de trop délie ma langue....

Eh oui. J'ai été décue il y a quelques temps. Pas de rencontre longue et tant attendue avec mon amant... Il y avait des raisons bien légitimes pour cela, ce qui ne m'empêchait guère d'être triste, même très triste, frisant de près la déprime. Ce n'est pourtant pas du tout mon genre de me laisser abattre, mais une femme passionnée n'obéit plus aux règles d'avant la passion...
Il m'arrive de détester ce "statut" d'amante. C'est un "statut" de rien du tout. On se nourrit de quelques rencontres exceptionnelles et tout le reste n'existe pas. On reste presqu'éternellement sur sa faim, sur son envie de partage avec son amant. On existe que dans les yeux de l'amant et nulle part ailleurs officiellement. On existe que dans le secret.
Tout passe avant l'amante. La famille, l'état, tout.
Après le rendez-vous annulé, reporté à je ne sais quand, un désespoir immense m'a gagnée. Le soir, dos tourné contre mon mari, j'ai pleuré en silence, ne pouvant plus retenir mes larmes. Mes larmes chaudes n'ont cessé de couler. Cela fait des années que je n'ai plus pleuré. J'ai pleuré une mer entière. Tout ce qui a pu s'accumuler pendant des décennies est remonté à la surface. C'est incroyable. Le matin j'étais vidé de ma substance. Je me sentais comme un pantin ou un robot qui exécutait les commandes, c'est-à-dire le devoir d'une femme mariée et d'une mère de famille. Aucune émotion. Je n'étais qu'une carcasse qui devait fonctionner pour la bonne forme....
A présent, je suis furieuse, en rage. Je damne ce rôle d'amante que j'ai pourtant accepté en toute connaissance de cause. Mais actuellement j'ai un coup de blues, un coup de révolte contre cette stupide obligation de devoir mener une vie cachée, une double vie. De devoir souffrir en silence. Marre de jouer toujours et encore le deuxième violon.
Malgré moi, malgré mon expérience de la vie, j'avais compté les semaines, les jours, les heures comme une petite jeunette, en espérant enfin pouvoir partager quelques jours avec cet homme que j'aime en plus de mon conjoint. Une belle joie, un bel avant-goût du paradis, la porte entreouverte.... Et paff, elle claque tout juste devant mon nez. Fini les rêves...
Si je n'aimais pas cet homme, je l'aurais envoyé balader... Il peut me répéter autant de fois qu'il veut, qu'il m'aime, cela ne change rien. Ce sont que des mots. Les mots sont si faciles à exprimer. Les beaux parleurs ont le beau rôle. Moi, je suis plutôt une "écouteuse", toujours attentive aux autres... Mais, j'ai ma claque. J'en ai marre. J'ai envie de me révolter.
J'ai encaissé pas mal de coups bas ce dernier temps - moi qui, contre et malgré tout, ai toujours envie de croire en la bonté de l'être humain - et il me semble que la période d'émancipation, de changement est arrivée. Je ne me tairai plus. Je ne serai plus toujours aimable et souriante. Je serai enfin une femme qui s'affirme entièrement, avec ses opinions, ses convictions, même si elles peuvent heurter quelques bonnes âmes. J'ai envie d'être enfin moi-même, celle que la trop bonne éducation a malheureusement toujours su se faire taire. Pendant des années - la plupart du temps - je suis quand même arrivée à mes fins grâce à la diplomatie, la bonne éducation.
J'en ai marre de la diplomatie, de ma bonne éducation. Qu'on m'entende! Qu'on m'écoute! Le temps de ma révolution personnelle est arrivée. Viva la revolución!!! (rire moqueuse - faut bien rire de soi-même, non?)
On verra bien si cette revolución tiendra aussi bon quand j'aurai eu une bonne nuit de sommeil derrière moi et que mon verre de trop se sera "évaporé"...
Bonne nuit et faites de rêves bien agréables, érotiques de préférence :-)