mardi 3 janvier 2012

Aimer à la folie rendrait-il fou? (petit extrait d'un article sur la passion)

Aimer à la folie rendrait-il fou ?
Aimer quelqu’un, c’est aimer ses mots. Halluciner sa présence. Lettres, SMS, mails, récits, romans, journal : les amours, à leur commencement, sont incroyablement bavardes. Le discours de l’amour est-il autre chose que l’amour du discours ? Etranges rapports de l’amour et du sujet : le sujet passionné n’est plus lui-même. Il est envahi par l’autre, par ses mots, ses images, qui, littéralement, lui « prennent la tête ». Il devient sujet à des absences d’être, à des bouffées d’autre, comme on dit des bouffées délirantes. Mais, et c’est tout le paradoxe, cet être qui n’existe guère comme être réel devient pourtant le seul qui existe aux yeux de celui qui aime.

L’amour n’est pas toujours une maladie, mais il est toujours quelque chose qui fait mal, une affection, aux deux sens du terme. Qu’est-ce qu’aimer quelqu’un, sinon lui donner le pouvoir de vous faire souffrir ? Mais il existe une autre maladie : l’incapacité d’aimer, de se lier, d’accepter l’altérité. Car l’autre n’est alors que le miroir où l’on aime son propre reflet. Les psychotiques et les pervers aiment-ils vraiment ?

L’amour-passion se joue donc contre la folie. Aux deux sens. "Tout contre" : il la côtoie, et ce n’est pas pour rien que l’on dit "amoureux fou". Mais aussi "à l’envers" : Lacan voyait dans la psychose « une faillite de l’amour », un "amour mort". Celui qui se croirait à l’abri de la passion serait bien plus fou que celui qui en a connu les affres. La passion de se passer de passion, de se passer des autres, porte un nom : la mort. A quoi sert d’aimer à la folie ? A rien. Cela sert simplement à nous sortir de nous-même, à désirer perdre. Quoi ? Un peu de sens, un peu de temps, un peu de soi. Les liens qui ne servent à rien sont peut-être les seuls qu’il soit nécessaire de nouer pour être des hommes et demeurer vivants.

Psychanalyste, Michel Schneider

A quoi sert d'aimer à la folie? A rien. Mais grâce à l'amour (fou) je me sens vivante justement. Pour rien au monde j'aimerais me fermer à l'amour, ne plus aimer l'amour et surtout l'amour fou qui me fait sortir des sentiers battus, qui m'offre l'exceptionnel, si je sais le voir. J'aime me laisser emporter par mes émotions, mes sentiments parce que dans ces moments-là je me sens vivre pleinement.

J'aime la vie passionnément et la vis aussi intensément que possible, comme si chaque jour était le dernier jour de ma vie....

4 commentaires:

  1. je me retrouve completement dans ces propos, ceux de Schneider mais aussi et surtout dans les tiens!

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  2. Cela me fait plaisir de constater que je ne suis pas la seule à vivre et penser et ressentir ainsi... :-)

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  3. Folle de douleur
    ET de bonheur
    aussi!
    En alternance.

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